Le vieux Chat Botté au palais de Carabas


 

 

 

 

 

 

Sous l'enorme cheminée 

du palais le Chat Botté 

pour être plus à son aise 

retire ses bottes cirées.

 

Tout content devant les braises,

étiré de tout son long,

ron-flon-flon, flon-flon, flon-flon,

voilà un chat écuyer

ronflant comme Cendrillon !

 

Le lendemain le marquis

en le voyant arriver

jette des cris, plein d'horreur.

-- Mais qu'as-tu fait, chenapan, 

tu es allé chez le coiffeur ?...

-- Oh non, pas du tout, Monsieur,

je m'endormis près du feu

et à la fin, par mégarde,

tout en rêvant de délices,

je me suis cramé la barbe

et la pointe des vibrisses.

 

Les aventures du Chat Botté racontées différement, avec de nouvelles péripéties (histoire en 6 pages):

https://oreille-et-demie.blogspot.com

 

Ces scies-ci

 

Ces scies-ci scient cent cyprès,

cent  cyprès de soixante ans,

elles les scient à belles dents,

sans regrets:

" Vran, vran, vran... ", plus de bosquet. 

 

Le voilà prêt à rouler,

le gros camion

chargé de cent troncs coupés

qui pèsent six mil années.

Pibales du port de Saint-Pardon de Vayres

Ce matin il pleut encore

sur le port de Saint-Pardon

et sa cale sans bateaux

bouge un peu, couverte d'eau.

Des pibales transparentes 

dansent en rond là-dedans,

contentes d'avoir quitté 

le grand océan salé.

"Dordogne d'or!", 

disent-elles,

"Dordogne de caramel,

chocolat, café au lait!

À la pelle on te boirait,

si ça se pouvait!"

Le singe du toit en terrasse

 

Sur un vieux toit en terrasse,

très loin d'ici, à  Larache,  

un singe traîne sa chaîne,

joue avec à cache-cache:

Slime ! Slime ! Slime !

Au bout d'un temps il se lasse,

bâille deux fois, puis s'endort.

Il rêve qu' il court au port,

bondissant de toit en toit,

son ombre derrière soi.

Mais sa chaîne le réveille:

Slime ! Slime ! Slime !

Plus de port, plus de merveilles,

prisonnier de fers rouillés,

alors qu'il y a un bateau

qui l’attend toujours sur l’eau...

Des moineaux s'en vont pépiant,

lui se gratte mollement

comme il peut sous son collier,

c'est pas aisé.

Slime ! Slime ! Slime !

Sur cette belle colline

 

Sur cette belle colline,
beau bouc broute,
belle vache mâche,
beau cheval trottine,
belle fouine se cache.
Brute, le bouc, broute.
Bourrache, la vache, mâche.
Jeff, le cheval, trottine.
Maline, la fouine, se cache...
Mais où se cache-t-elle donc ?
Dans un trou ou sous un tronc ?
Sous le pont ? Dans la rivière ?
Derrière un amas de pierres ?
Ou peut-être très très loin 
dans une botte de foin ?
 
Où es-tu, Maline la Fouine,
sur cette belle colline ?
 
Je suis là, dans le jardin 
de mon voisin le lapin,
dans son carré de laitues,
ni vue ni connue !
 


 




La renarde







 


Ce soir à la nuit tombée

lorsqu’enfin il faisait frais

et les vergers embaumaient,

je rentrais toute embrasée

d’avoir mangé une carcasse

de bécasse

trop farcie

de fourmis,

quand par chance un petit brugnon

tout rond

s'en vint rouler dans mes pattes.

D'où il venait,

je ne l'ai pas su. 

Je l’ai ramassé, 

je l’ai croqué,

du jus partout,  

je l'ai gobé

mais tout entier,

noyau et tout,

je n'en pouvais plus

de soif.

Maintenant j'ai mal au ventre.

Allez-vous-en, mes amis,

ça va sentir mauvais.

C'est vrai ?...

Ouais. Ah-ah-ahou... 

Ah-ah-ahou !...



J'ai modifié une illustration de Benjamin Rabier (Fables de la Fontaine, 1906). Qu'il  me le pardonne ! 

Sons du renard roux:   https://www.youtube.com/watch?v=kTTfYy8LNW0

À LA COUR DE VIENNE (inspiré d'un vieux virelangue)

Les chaussettes de l’Archiduchesse
sont-elles bien sèches, archi-sèches?

Bien sèches, archi-sèches elles sont,
ses chaussettes, et secs sont
archi-secs ses chaussons.

Puis-je vous chausser, Altesse
vos chaussons et vos chaussettes ?

Mais non, Comtesse, voyons...
Nos chaussons nous préférons
chausser après les chaussettes,
ça fait plus grande toilette !

 

Voilà notre archiduchesse proprement chaussée...

... d'un seul pied. Il lui faut encore chausser le deuxième chausson que voici:









 

Pile à l'heure du goûter

– Toc, toc, toc ! 

Il y a un phoque, 

un phoque sur mon palier.  

Je le vois par l'oeilleton.

– Toc, toc, toc ! Pom, pom, pom!

C’est bien un phoque, 

un phoque fort essoufflé.

Il a grimpé toutes les marches 

de l’escalier.

– Pom, pom, pom ! Toc, toc, toc !..

– J’arrive, monsieur le phoque !

Bonjour ! S’il vous plaît, entrez ! 

Puis-je vous offrir une tasse

de thé chaud à la mélasse ?

– Très volontiers.

Toc, toc, toc !

Ça alors... Un autre phoque

posé sur le paillasson.

Je le vois par l’oeilleton.

– Pom, pom, pom !... Toc, toc, toc ! 

C’est bien un phoque, 

un phoque fort essoufflé.

Il a grimpé toutes les marches 

de l’escalier.

– Pom, pom, pom ! Toc, toc, toc !..

– J’arrive, monsieur le phoque !

Bonjour ! S’il vous plaît, entrez !

Puis-je vous offrir une tasse

de thé chaud à la mélasse?

–Vous n'auriez pas du café

à la place ?... 

Un bon café bien glacé ?

Du thé chaud à la mélasse

quand je suis si éssouflé, 

désolé, mais je m'en passe.


Le chat au poil hérissé

 

Le chat se pencha sur la

margelle du puits et vit

dans les éclats de l'eau sombre

ses neuf vies réfléchies.

Le caméléon déménage

La merveille que voilà,
du plus beau jaune, c'est moi
au bout de la branche du
mimosa.

Je descends, c'est le printemps,
Je foule le gravier rouge...
J'en rougis de joie: je bouge !

Faut pas trop en faire, quand-même... 
Point de galop, point d' extrêmes...
    
Regardez: un pin pignon
parfait, adorable, exquis,
c’est ma nouvelle maison !
J’entame son escalade,
maquillé de vert-marron
et d’un petit peu de gris.

Chut... Un chat en promenade  
qui passe traînant la queue,
comme un tigre silencieux... 
 
Et moi, si bien embusqué,
je l'ai trompé, quelle prouesse !
J'en oublie ma faiblesse,
j'en oublie même mes vertiges.
Je monte, glisse, remonte,
je me risque à des voltiges
et puis enfin me repose:
suis-je bien sur mon beau pin,
tout vert dans le matin rose !