Chaque nuit le gros colin,
speaker de Radio Allô,
offre maints conseils prudents
aux habitants sous-marins :
« — Attention, poissons de roche,
congre féroce s’approche !
Allô, les flétans, fuyez
les filets des chalutiers ! »
Ce n’est que lorsqu’il annonce :
« — Eau froide, bateaux en rade ! »
que les copains se défoncent.
Sous l'écume des marées,
les moules tapent du pied,
les crabes tapent des pattes,
les coques et les praires craquent,
tandis que Radio Allô
passe la Valse Musette
et le Tango des Crevettes.
-- Bonsoir, cousine Polaire,
si haut dans le ciel perchée,
tu es plus fortunée que moi,
tu n’as pas besoin de chasser.
Tu dis qu'au ciel il fait froid ?
Bon, c'est pareil ici-bas.
Dans les grottes de la côte,
en plein été on grelotte !
Moi, quand il fait frais comme ça,
cousine Polaire,
des moules, des bigorneaux
et des coques...
Ah-ah-ah la Baudroie,
la grande brute à breloques !!
Elle me guette, elle me provoque,
planquée dans les algues fraîches,
avec sa canne à pêche...
Moi je passe mon chemin.
et oui, je n'ai peur de rien,
je sais gérer mes affaires,
cousine Polaire !
À l’ombre sur la chaussée,
la belle blatte à six pattes
manicurées grignotait
en paix un sandwich de thon,
un peu daté mais très bon,
lorsqu’un chien l’a attaquée:
“— Sale bête, mocheté !”
De stupeur, la belle blatte
lâcha son sandwich de thon
qui roula sur la chaussée...
“— Reviens-moi, mon petit goûter !”,
lui cria-t-elle en toute hâte.
Et le sandwich daté,
rebondissant de son mieux,
revint atterrir en haut.
“— T'as vu cette merveille de saut ?...
Tu n’en serais pas capable !”,
dit Belle Blatte au chiot.
Il s'était caché derrière
le mur et ne bougeait guère.
Peut-être bien qu'il croyait
qu'elle était une sorcière.
Petite Mite a résidence
dans la vieille armoire de chêne.
Mangeant des moires et des laines,
elle profite du silence:
elle rêve, elle médite, elle pense
et même écrit son journal
dans les franges d’un grand châle.
Mais elle ne vit pas sereine.
Une secousse soudaine,
un seul claquement de porte
la font trembler d’épouvante,
haletante, à demi-morte.
Qui ainsi se clôt à clé
et entre des cintres rentre
désapprend la liberté,
l’air pur et les nouveautés
l’éreintent.
https://comptines-etc.blogspot.com/index.html#1716733323526601179
Ce poème en portugais:
https://violetaemvozalta.blogspot.com/2021/04/traca.html
Numéro d'inventaire : 2002.0018.1
Voguant au-dessus de moi,
Méduse, fée sous-marine,
à la lumière déploie
ses voiles de gélatine.
Elle tourne encore et encore,
va voguant dans la marée.
Je la touche et je suis mort,
je la suis et suis sonné.
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Ce poème en portugais:
https://violetaemvozalta.blogspot.com/2021/04/um-tigre-dois-tigres-tres-tigres-tres.html
"-- Il n’y a pas si longtemps",
contait Huppe en son jardin
à ses dix petits-enfants,
"j´étais vraiment belle gosse,
avec mes plumes en brosse
dodelinant dans le vent !
Monsieur le comte Vautour
me regarda bec bé
le jour où j’ai survolé
son château de Noire Tour.
— Corbeau, viens voir une fée !
— Ce n’est pas une fée, Monsieur !
C’est un petit ange à frange !"
Grand Vautour aux grands domaines
et Corbeau, oiseau de peine,
du haut de leur Noire Tour
surveillent toute la plaine
et le soir à la chandelle
partagent la même l' écuelle.
— Dis, Corbeau, maître d’hôtel,
qu’est-ce que cette carne sèche
à la fibre si revêche ?...
— Vous le voyez bien, Monsieur,
c’est de la chauve-souris
rissolée,
garnie de paille et navets !
Prenant congé je vous prie
de ne jamais m’oublier.
Qui m’oublie se refroidit,
qui refroidit s’amoindrit,
qui s’amoindrit s’évanouit,
qui s'évanouit disparaît,
qui disparaît se fait oublier,
point n’oubliez.
